Une participation active à la Semaine de la Biodiversité
C'est un groupe de stagiaires particulièrement chanceux - la promotion du Brevet Professionnel "Responsable d'Entreprise Agricole - Vigne et Vin" qui a pu se rendre sur le site de Plumecoq, le site expérimental du Comité Champagne à Chouilly. En effet, dans le cadre de la Semaine de la Biodiversité, la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne représentée par Caroline Gambart et Séverine Couvreur, y organise des animations et ouvre exceptionnellement le site aux scolaires. Ce site de 10 ha, situé au début de la Côte des Blancs, est non seulement un domaine expérimental mais aussi une vraie exploitation en AOC. Et surtout, un incroyable réservoir de biodiversité.
La visite du site expérimental
Alexandra Bonomelli, chef de projet Vigne au Comité Champagne (CIVC), explique aux jeunes passionnés de nature les 3 axes d'actions à mettre en place pour gérer une exploitation dans le respect de l'équilibre environnemental. Ce qui fait écho aux cours théoriques et travaux pratiques effectués au cours de leur formation à Avize Viti Campus.
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Les actions en termes de bâti :
- bien s'intégrer dans le paysage et limiter le terrassement. Le bâtiment de Plumecoq, par exemple, est semi-enterré.
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Les actions en intraparcellaire :
- garder à l'esprit toute la diversité que l'on peut planter en choisissant ses clones de cépage par exemple. A Plumecoq, il y a 7 à 800 clônes ou variétés différents. Un tiers du domaine est par ailleurs cultivé en bio.
- bien entretenir les sols avec un enherbement maîtrisé au cours de l'année : certaines zones broyées au printemps pourront rester en herbes hautes à l'automne.
- bien régler ses appareils phyto et utiliser la confusion sexuelle quand c'est possible.
- veiller aux aménagements hydroliques pour permettre l'infiltration des parcelles.
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Les actions en extraparcellaire :
- conserver l'existant autant que faire se peut.
- préserver les zones refuge de la faune hors des vignes pour lui éviter de subir les traitements phyto ou a minima fractionner les parcelles afin de protéger sa tranquillité.
- alterner entre zones de repos, d'alimentation et corridors qui favorisent les déplacements des espèces (talus, haies, perchoirs à rapaces, ...)
À proximité du site
Mélanie Braillon-Vuille, chargée de mission Marne Ouest au Conservatoire d'espaces naturels de Champagne-Ardenne, nous partage son savoir pour allier biodiversité et pratiques culturales de la viticulture. Mieux comprendre les milieux qui nous entourent, c'est mieux connaître les espèces à protéger. Notre groupe se déplace donc à l'extrémité du site, sur une pelouse sèche. Les pelouses sèches se développent sur des sols calcaires lorsque la nature reprend ses droits : elle se compose de formations végétales rases, suffisamment entretenues pour rester peu colonisées par les arbres et les arbustes. La biodiversité est un véritable auxiliaire de culture : les coccinelles mangent les pucerons, les syrphes ont des larves voraces qui mangent le ver de la grappe...
Quelques points ont spécifiquement retenu l'attention de nos futurs responsable d'exploitation viticole :
- Tout comme ils laisseraient se développer les couverts floraux hors des vignes, ils pourraient être tentés de le faire dans les vignes, attirant ainsi les abeilles. Toutefois la réglementation oblige les vignerons à les broyer au moment des traitements.
- Il faut maintenir un minimum d'entretien dans certains éco-systèmes pour que les espèces qui aiment la lumière continuent d'en recevoir : broyage modéré, pâturage ovin...
- Il vaut mieux favoriser la repousse naturelle et éviter d'importer d'un autre site ou d'un autre continent de la terre ou des fleurs, parfois invasives, avec leur lot de parasites.
"Observer et étudier la biodiversité vous donnera des clés pour rétablir l'équilibre naturel dans votre vignoble".
Un grand merci à Caroline Gambart pour cette initiative, et à Séverine Couvreur, Alexandra Bonomelli et Mélanie Braillon-Vuille d'avoir partagé leur expertise avec nos jeunes avec autant de générosité.