#Orientation : le parcours de Clémentine
- Manon CLAEYS
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3 questions à Clémentine Picot, ancienne étudiante du BTS Technico-Commercial Vins, Bières et Spiritueux (2019-2021) et désormais en poste chez Labouré-Roi, Maison bourguignonne renommée.
• Quel est ton parcours (à Avize Viti Campus et par la suite) ?
Après avoir obtenu mon Bac ES dans le Loiret, ma région natale, j’ai intégré en 2019 le BTS Technico-Commercial Vins et Spiritueux à Avize Viti Campus. Durant ces deux années en Champagne, j’ai acquis des bases solides en œnologie, viticulture, commerce et marketing. Ces connaissances ont été mises en pratique à travers de nombreuses actions commerciales, comme la participation aux Habits de Lumière avec le Champagne Leclerc Briant, des foires aux vins en grande distribution, ou encore des dégustations lors du marché de Noël de Reims. J’ai également effectué deux stages significatifs : un premier en vinification chez Champagne Chardonnet & Fils à Avize, et un second en commerce au Domaine de Valdition, en Provence.
Ces deux années m’ont transmis rigueur, motivation et passion. Elles ont aussi confirmé mon envie de m’investir pleinement dans la filière viticole.
En 2021, j’ai donc intégré la licence professionnelle "Responsable Commercial Vins et Réseaux de Distribution" à Montpellier SupAgro. Cette année s’est déroulée entre les cours à Montpellier et une alternance au Domaine de Valdition à Saint-Rémy-de-Provence, où j’avais déjà effectué un stage durant mon BTS. Cette formation m’a permis de renforcer mes compétences techniques et commerciales sur le terrain. En entreprise, j’ai contribué au développement commercial d’un nouveau secteur, principalement auprès des cavistes et restaurateurs. J’ai également soutenu l’administration des ventes, tout en me formant aux outils de gestion commerciale indispensable sur le marché professionnel.
À l’issue de cette année intense et enrichissante, une question s’est posée : poursuivre mes études ou intégrer directement le monde professionnel ? À 21 ans, le choix n’est pas évident.
J’ai finalement décidé de partir un an en Australie pour perfectionner mon anglais et élargir mes perspectives à l’international. Sac à dos sur les épaules, j’ai parcouru l’Australie entre 2022 et 2023, une parenthèse à la fois humaine et professionnelle particulièrement enrichissante. J’y ai vécu des expériences marquantes, comme les vendanges en Tasmanie ou encore un poste en sommellerie et service à Adélaïde. Ce voyage m’a permis de mieux me connaître, de gagner en confiance, et surtout, il a renforcé mon attachement profond à la filière viticole.
C’est au cours de cette aventure que j’ai découvert le Master International Vintage proposé par l’ESA d’Angers. Séduite par ce programme – dispensé entièrement en anglais, avec une forte dimension internationale et un contenu approfondi en œnologie et viticulture – j’ai décidé de postuler.
Dossier accepté, entretien réussi : à peine rentrée en France, je repartais déjà, cette fois direction le Portugal, pour débuter cette nouvelle étape. La première année du master a débuté par les vinifications de la vendange 2023 dans la région du Vinho Verde, suivies de cours à l’université UTAD à Vila Real. Ensuite, j’ai réalisé une mission hivernale de taille dans les vignes en Champagne, chez Champagne Moussy à Congy.
J’ai ensuite poursuivi le semestre en Italie, à l’université de Piacenza (près de Milan), où j’ai approfondi mes connaissances en viticulture de précision. Sans vous le cacher, j’ai beaucoup voyagé dans les deux pays dès lors que j’avais du temps libre.
Toujours avide de progresser techniquement, j’ai postulé au Diplôme National d’Œnologue (DNO) en parallèle. Mon dossier a été retenu à Dijon. Après avoir validé ma première année de master Vintage, j’ai intégré la formation DNO à la rentrée suivante en 2024. J’ai réalisé la première partie de mon année en alternance dans un laboratoire œnologique dans le Beaujolais.
Aujourd’hui, je viens de terminer et valider cette première année de DNO, et je débute une nouvelle alternance chez Labouré-Roi, grand négociant de Nuits-Saint-Georges appartenant au groupe Boisset, aux côtés de la brillante œnologue Célénie Desarbres.
• Quelles compétences mobilises-tu au quotidien ?
Aujourd’hui, je travaille davantage sur le versant technique de la sphère viti-vinicole. On pourrait penser que je n’utilise plus mes compétences commerciales… mais c’est tout le contraire.
Mes années à Avize m’ont appris à structurer un discours, à adapter mon langage : qu’il soit commercial ou technique, le but reste de transmettre clairement et avec justesse.
J’y ai aussi appris à organiser mes idées, à prioriser mes tâches, à gérer mon temps. Ce sont des compétences que je mobilise tous les jours, que ce soit pour participer aux vinifications, échanger avec des partenaires ou collaborer avec une équipe.
Dans mon alternance en laboratoire, le fait de savoir structurer un discours m’a permis de mieux présenter mes analyses, d’argumenter mes choix œnologiques ou encore de participer aux échanges avec les clients techniques.
Grâce à mon parcours mêlant technique et commerce, j’ai développé une approche plus globale du vin. Je garde toujours en tête que le produit final s’adresse à un consommateur, qu’il soit en France, au Japon ou ailleurs. Mon objectif est de produire des vins techniquement irréprochables, mais toujours pensés pour ceux qui les boiront – en tenant compte des attentes, des préférences, et même des sensibilités culturelles.
Aujourd’hui, je vois mon parcours comme une maison : Avize en a été les fondations. C’est là que j’ai acquis les bases solides qui me permettent aujourd’hui de construire un profil polyvalent, à la fois rigoureux, adaptable et ouvert sur le monde.
• Un conseil ?
Le message que j’aimerais transmettre, c’est que rien n’est figé, ni impossible. Ce n’est pas parce qu’on ne coche pas toutes les cases sur le papier qu’on ne peut pas tenter sa chance. Il faut oser, se lancer des défis, sortir de sa zone de confort.
Même les expériences qui semblent moins enthousiasmantes sur le moment sont souvent celles qui nous font le plus progresser, tant sur le plan humain que professionnel.
J’entends par là qu’il faut savoir tirer des enseignements de chaque expérience, même des moins valorisantes. Il n’y a pas d’échec, seulement des opportunités d’apprendre.
Autre point essentiel : ne vous enfermez pas dans une seule voie. Commencer par un parcours commercial ne vous empêche absolument pas d’évoluer vers des fonctions plus techniques – mon propre parcours en est une illustration.
Soyez courageux, passionnés et fidèles à ce qui vous anime.
Et surtout, gardez en tête que le secteur du vin est vaste : il y a de la place pour des profils variés, à condition d’avancer avec engagement, travail et sincérité. Enfin, n’oubliez pas : il n’existe pas de trajectoire parfaite – il y a votre trajectoire. Prenez le temps de la construire avec cohérence et sens.
Personnellement, je reste curieuse, ouverte aux opportunités, en France comme à l’étranger. Une vinification en Nouvelle-Zélande ? Pourquoi pas. En Californie ? Peut-être. Je suis toujours à l’affût d’expériences qui me permettront de continuer à apprendre, à évoluer, et à m’épanouir. Dans dix ans, je me verrais bien occuper un poste la croisée entre technique et stratégie. Un rôle de direction, où je pourrais à la fois piloter des choix œnologiques avec ma sensibilité de technicienne, et contribuer au développement de l’entreprise grâce à ma vision commerciale. Ce double regard, je pense, peut devenir une vraie force.
Un grand merci à Clémentine pour cette interview et très bonne continuation !